Un autre questionnement anthropologique

ARTEFA (association loi 1901) participe à la création des « alternatives de réflexion, travail, écriture, formation et animation ».  Elle propose un travail  de hybridation entre les arts et les sciences humaines ayant comme base l’écriture, l’échange oral et l’image. il s’agit d’une anthropologie censée irriguer, hybrider, faire émerger du sens non pas pour le cercle restreint des experts ou chercheurs mais pour les personnes qui entre dans le processus de recherche et de pensée. La philosophie est indispensable à l’anthropologie. Les chantiers d’ARTEFA relient la formation à l’action dans la construction d’une vision esthétique du « vivre ensemble » en mettant au travail la formulation des questions élaborées ensemble. Il s’agit d’éviter le, pouvoir descendant des savoirs érigés en vérités, voir en « idoles de la cité ».  L’autorité exige une nouvelle approche en terme d’auteur (et non pas d’acteur): en quoi et comment sommes-nous auteurs dans l’environnement dans lequel nous passons notre vie? Comment imaginer autrement la place et la fonction des institutions (dont l’Etat, les collectivités territoriales en France) en tension avec la société, voir avec chaque individu?  Comment faire en sorte que l’argent ne soit plus le vecteur de nos actions au quotidien et que l’on puisse reconsidérer les échanges en terme de don-contre-don et réciprocité ? Reposer différemment le bénévolat et le volontariat, mais aussi créer des passerelles entre vie privée et vie professionnelle ? Comment intégrer dans la décision la dignité des personnes visées par des décisions prises au nom du pouvoir institutionnel (par les chefs de service, les enseignants et le chef de l’établissement, par un magistrat… la liste des instances de décision qui exclut la réelle participation de la personne est très longue) ? Comment penser une critique et des changements dans le processus de choix de telle ou telle théorie érigée en vérité touchant le psychisme ou l’intériorité de l’individu ? Comment faire émerger un humanisme qui intègre à la fois les mots et les actions des gens et les ressources de la nature?Comment modère les rapports de force entre l’homme et la nature? Ce processus de modification exige un travail sur la langue, sur la mise en mots des aspects problématiques de la vie, de l’historie, du politique.

Mettre en mouvement l’expérience dans la pensée est un travail de groupe. Chemin faisant, il s’agit de prendre soins des mots utilisés et de limiter leur glissement dans l’abstraction, voir dans la confusion.  Où nous en sommes aujourd’hui du « contrat » en tant que dispositif d’organisation de la vie humaine et des institutions ?  La langue vivante est détruite lorsque l’éducation n’assure plus une transmission de l’expérience issue de la vraie vie dans les cités ou dans les quartiers, lorsqu’elle se réduit à un apprentissage des savoirs comme une l »langue morte » que l’enfant ou l’adolescent ne peut pas rattacher aux réalités auxquelles il est confronté dans son environnement. Sans les mots reliés, discutés, clarifiés, partagés, le sens se délite et les affects négatifs envahissent la capacité de penser. Notre société est remplie d’une logique de guerre. l’anthropologue pose la question « comment faire pour ne pas s’entre-tuer davantage? » Cette question est posée aussi bien dans une famille, dans un quartier ou dans une équipe au sein d’une institution.

Ce sont les mots qui donnent une raison d’être et rattache la vie à l’histoire. Sans histoire (banale, quotidienne) que l’on raconte au bout d’une journée, par exemple, la vie s’évanouit dans le silence. Sans le tissage d’un récit ou d’un conte, l’homme est démuni, dépouillé de  « sa nature. »  Les liens entre langue-pensée-action est mise en évidence par Artefa et traduit dans des écrits : projets, études, monographie, analyse de contenu des entretiens, etc.

La transformation des rapports entre les élus, les professionnels, les bénévoles et les personnes constitue un de nos champs de compétences.

ARTEFA interroge l’histoire collective et la mise en mots des histoires individuelles. La dimension éthique est mise au travail dans chaque recherche et formation.

 Sources bibliographiques : Kant, Ernst Cassirer, Wittgenstein, Walter Benjamin, Adorno, Lévinas, Marcel Mauss, Claude Lévi-Strauss, Pierre Clastres, Carlo Ginzburg, Tim Ingold,  Mary Douglas, Gilles Deleuze, Philippe Descola, Jacques Godbout… mais aussi les écrivains et les poètes.